Feature and interview in the French mag MCD

The dear people at MCD in France just published a long article and interview in the July/August issue…

You can find the online excerpt of the article here.

mcd59_p08-09

DE DEREK JARMAN À LA TECHNO MINIMALISTE…

De son vrai nom Till Rohmann, Glitterbug vient de sortir un double-album mélodieux aux ramifications dub et ambient (cf. MCD #58). Basé à Cologne, Glitterbug partage aussi son temps en Israël où il est à l’origine du festival c.sides. Un véritable défi que nous raconte ce jeune homme, ouvert au monde et sensible à la tragédie humaine…

Tu es musicien et DJ, mais tu fais également des performances audio-visuelles (en compagnie de Ronni Shendar), des installations, des bandes-son pour des films et tu travailles aussi comme curateur…
Je suis impliqué dans de nombreux projets, Glitterbug n’étant que l’un d’entre eux. Actuellement, je travaille sur la partition abstraite d’un documentaire assez philosophique sur les prisons. J’ai effectivement collaboré avec des artistes visuels sur des installations. Et je suis curateur depuis plus d’une décennie… Je ne fais pas nécessairement tout cela en même temps. Mais s’il y a un projet intéressant qui se présente, je suis toujours content de relever le défi.
Ronni Shendar est une photographe et artiste visuelle israélienne. Nous travaillons ensemble depuis 8 ans maintenant… Elle a apporté une perspective totalement nouvelle à mes lives. Ronni travaille uniquement à partir de ses propres photographies, films et matériels, qu’elle modifie de façon très minimaliste à travers de nombreux logiciels. Elle crée un langage très cinématique, qui se déploie au travers de textures, de trames et de paysages en correspondance avec ma musique. Nous essayons d’établir ainsi un dialogue entre nos “mondes” respectifs.

Ton nouvel album, Privilege est moins “dub”, plus ambient et introspectif que le précédent…
J’ai travaillé environ une année sur cet album. Et au fur et à mesure, le projet a évolué. En premier lieu, je voulais réaliser un album ambient qui soit complètement abstrait. J’ai commencé à esquisser les premiers morceaux, mais en même temps je travaillais aussi sur des tracks plus techno et/ou house. Au bout de quelques mois, j’ai réalisé que cela ne fonctionnait pas par rapport au concept initial… J’avais suffisamment de matériel pour réaliser un album, mais je n’en étais pas satisfait.
En 2009, je suis parti pendant deux mois, dans un “world tour” qui m’a emmené notamment en Chine, en Inde, en Norvège et en Pologne… Et j’ai continué de travailler “sur la route”. Certains morceaux ont donc été composés durant cette tournée et quelques-uns incorporent des field-recordings captés sur place.
Comparé à Supershelter, je dirai que c’est à bien des égards plus sérieux, moins souriant, plus mesuré et certainement aussi plus lunatique. Mais je ne suis pas d’accord pour dire que c’est plus “ambient”, d’autant qu’il y a quelques titres qui s’adressent directement au dancefloor.
L’impression que Privilege est plus ambient que son prédécesseur provient principalement de sa durée. Il n’y a rien de précipité sur cet album, et j’ai pris la liberté de laisser les morceaux s’étirer sur 8 ou 9 minutes… C’est cette liberté artistique qui m’a permis d’achever ce projet.
Mais Privilege est en effet beaucoup plus introspectif. C’est un album qui reflète mes préoccupations par rapport aux circonstances où il a été composé. Durant cette tournée internationale, j’ai joué dans des endroits qui m’ont révélé la chance, presque obscène, que j’ai d’être artiste… J’ai joué dans des pays comme l’Inde où le niveau de pauvreté est tout simplement inimaginable. J’ai été invité à jouer dans un super club à Bombay. Le fait de regagner mon hôtel en slalomant à travers les taudis sur le chemin du retour avec un équipement dont le prix suffirait à faire vivre pendant des mois une petite ville, en Inde, m’a profondément marqué. Cela a changé ma perception de la réalité… Donc, oui, Privilege est un album un peu plus sérieux, mais aussi avec des moments d’espérance, de bonheur.

Comme Supershelter, Privilege est disponible sur c.sides…
Le label c.sides existe depuis 2006. Mais c’est juste un projet annexe au festival. C’est devenu la structure principale pour éditer ma musique, mais ce n’était pas le but initial. Dans les statuts, nous avions précisé que c.sides est un label dont l’objectif est de redonner âme et splendeur à la dance music, tout en offrant également un espace aux approches plus expérimentales. Nous voulons prouver que l’émotionnel et le cérébral peuvent fonctionner ensemble
[…]
propos recueillis par Laurent Diouf

Comments are closed.